L'Univers avant le Big Bang
L'Univers avant le Big Bang
Le Big Bang.
L’application de la théorie des cordes à la cosmologie suggère que le Big Bang ne serait pas le début de l’Univers, mais l’aboutissement d’un état cosmique antérieur. Deux scénarios s’opposent sur la description de cet « avant ».
Commencement
Le Big Bang, est-il le commencement du temps, ou l’Univers existait-il avant ? Il y a moins de dix ans, une telle question aurait eu des allures de sacrilège.
Cosmologistes
Pour les cosmologistes, une telle interrogation n’avait tout simplement pas de sens. Imaginer une époque antérieure au Big Bang, c’était comme chercher un point au Nord du pôle Nord.
Théorie
Selon la théorie de la relativité générale, un Univers en expansion doit avoir commencé par un Big Bang, ce qui implique la finitude du temps, apparu simultanément avec l’espace et l’énergie-matière.
Naissance
Cette façon de voir s’est modifiée au cours des dernières années. Lors de sa naissance, l’Univers était concentré en une région si minuscule que les lois de la physique quantique devaient s’y appliquer.
Big Bang
La relativité générale, qui n’est pas une théorie quantique, cesse d’être valide à l’échelle du Big Bang, la théorie des cordes, qui se développe depuis une trentaine d’années, est susceptible de prendre le relais en offrant une description quantique de la gravitation.
Univers
Elle a récemment permis de concevoir deux modèles cosmologiques le modèle pré-Big Bang et le modèle ekpyrotique décrivant un Univers antérieur au Big Bang.
Scénarios
Ces scénarios, où le temps n’a ni commencement, ni fin, pourraient avoir laissé des traces observables dans le fond diffus cosmologique, le rayonnement émis peu après le Big Bang et que l’on détecte aujourd’hui sous une forme fossile sur l’ensemble du ciel.
Revirements
La volonté récente de prendre en compte ce qui pourrait s’être passé avant l’origine de l’Univers n’est que le dernier en date des revirements intellectuels qui se sont succédé durant des millénaires.
Cultures
Dans toutes les cultures, les philosophes et les théologiens ont été confrontés à la question du commencement des temps et de l’origine du monde.
Arbre
Notre « arbre généalogique » passe par les premières formes de vie, la formation des étoiles, la synthèse des premiers éléments et remonte jusqu’à l’énergie qui baignait l’espace primordial.
Origine
Continue-t-il ainsi éternellement ou prend-il racine quelque part ? Les philosophes grecs ont longuement débattu de l’origine du temps, Aristote défendait l’absence de commencement en invoquant le principe selon lequel rien ne surgit de rien. Si l’Univers ne peut naître ex nihilo, il doit avoir toujours existé.
Temps
Le temps devrait s’étendre éternellement dans le passé comme dans le futur. Les théologiens chrétiens ont défendu le point de vue inverse.
Dieu
Dieu existe en dehors de l’espace, Saint Augustin affirmait que Dieu existe en dehors de l’espace et du temps et qu’il est capable de les créer comme il a forgé les autres aspects du monde.
Monde
Que faisait alors Dieu avant de créer le monde ? Selon saint Augustin, le temps lui-même faisant partie de la création divine, il n’y avait tout simplement pas d’avant.
Conclusion
La théorie de la relativité générale a conduit les cosmologistes modernes à une conclusion très semblable, dans ce cadre, l’espace et le temps ne sont pas rigides et absolus, mais dynamiques et déformés par l’influence de la matière.
Échelles
À de grandes échelles de distance, l’espace se courbe, s’étend ou se contracte au cours du temps, en emportant avec lui la matière.
Astronomes
Au cours des années 1920, à la suite d’Edwin Hubble, les astronomes ont confirmé que notre Univers est en expansion, les galaxies s’éloignent les unes des autres.
Conséquences
Une des conséquences de cette expansion est que le temps ne peut s’étendre indéfiniment vers le passé.
Histoire
En projetant le film de l’Histoire cosmique à l’envers, les galaxies se rapprochent les unes des autres jusqu’à se rejoindre en un point infinitésimal, nommé singularité.
Galaxies
Toutes les galaxies ou plutôt leurs précurseurs se retrouvent dans un volume nul. La densité, la température, mais aussi la courbure de l’espace-temps, deviennent infinies.
Singularité
La singularité est le cataclysme ultime au-delà duquel nous ne pouvons plus poursuivre de généalogie cosmique.
Déroulement
Ce déroulement soulève de nombreuses questions. En particulier, il semble peu compatible avec le fait que l’Univers apparaisse homogène, à grande échelle, dans toutes les directions.
Cosmos
Pour que le cosmos ait le même aspect en tout point, il faut qu’une forme d’interaction se soit établie entre les régions éloignées de l’espace afin que leurs propriétés se soient homogénéisées.
Expansion
Or, cela contredit les données de l’expansion cosmologique. La lumière a été libérée. Il y a 13,7 milliards d’années (c’est le fond diffus cosmologique observé aujourd’hui dans le domaine des micro-ondes).
Séparées
Séparées par plus de 25 milliards d’années-lumière, dans toutes les directions, on trouve des galaxies distantes de plus de 13 milliards d’années-lumière.
Galaxies
Il existe ainsi des galaxies, dans des directions opposées, qui sont séparées par plus de 25 milliards d’années-lumière.
Régions
Par conséquent, ces régions n’ont jamais été en contact : elles n’ont pas eu le temps d’échanger de la lumière, ni a fortiori de la matière. Leur densité, leur température et autres propriétés n’ont pas pu être homogénéisées.
Propriétés
Pourtant, les propriétés de la Voie lactée sont à peu près les mêmes que celles de ces galaxies lointaines cette homogénéité pourrait être une coïncidence.
Difficile
Cependant, il est difficile d’admettre que les dizaines de milliers de parties indépendantes dans l’image du fond diffus cosmologique, statistiquement identiques, avaient dès le début des propriétés identiques.
Explications
Il existe deux explications plus naturelles : soit l’Univers était dans ses premiers instants beaucoup plus petits que ne le suppose la cosmologie classique, soit il est beaucoup plus vieux, dans les deux cas, deux parties distantes du ciel avant l’émission du rayonnement cosmologique auraient pu interagir.
Hypothèse
La première hypothèse est celle que les astrophysiciens préfèrent. L’Univers aurait connu une période d’expansion vertigineuse, l’inflation, au tout début de son histoire.
Proches
Auparavant, toutes les régions de l’Univers étaient si proches que leurs propriétés se sont homogénéisées, puis au cours de la phase d’inflation, l’expansion s’est emballée et l’Univers s’est dilaté plus vite que la lumière.
Isolées
Isolées les unes des autres les différentes parties du cosmos ont été isolées les unes des autres. Après une infime fraction de seconde, l’inflation a pris fin et l’expansion a retrouvé un cours tranquille.
Contact
Le contact entre les galaxies s’est progressivement rétabli alors que la lumière rattrapait son retard, créé par l’inflation.
Expansion
Pour expliquer cette expansion frénétique, les physiciens ont introduit un nouveau champ de force, l’inflaton, qui a produit une force gravitationnelle répulsive très élevée dans les premiers instants suivant le Big Bang.
Gravitation
Contrairement à la gravitation, l’inflaton accélère l’expansion. Une fraction de seconde après le Big Bang, il s’est épuisé, la force répulsive a disparu et la gravitation a repris le dessus.
Alan Guth
Cette théorie, proposée en 1981 par le physicien Alan Guth, a permis d’expliquer un grand nombre d’observations, néanmoins, certaines difficultés théoriques subsistent, à commencer par la nature de l’inflation.
Résoudre
La seconde façon de résoudre le problème est moins classique : elle suppose l’Univers beaucoup plus vieux que prévu, si le temps n’a pas commencé avec le Big Bang, et si une longue ère a précédé le début de la période d’expansion actuelle, l’Univers a eu amplement le temps de s’homogénéiser.
Singularité
Un tel scénario élimine en outre la difficulté posée par la singularité qui surgit lorsqu’on veut étendre la relativité générale au-delà de son domaine d’application.
Effets
En effet, à l’approche du Big Bang, le confinement de la matière est tel que les effets quantiques doivent être dominants, et la relativité n’en tient aucun compte.
Découvrir
Pour découvrir ce qui s’est réellement passé, les physiciens doivent remplacer la relativité générale par une théorie quantique de la gravitation, les théoriciens s’y sont employés depuis l’époque d’Einstein, sans grands progrès jusqu’au milieu des années 1980.
Deux visions du commencement. Dans notre Univers en expansion,
Approches
Aujourd’hui, deux approches semblent prometteuses. La première, la gravitation quantique à boucles, conserve l’essentiel de la relativité la nature dynamique de l’espace-temps, et l’invariance par rapport au système de coordonnées utilisé et met ces principes en œuvre dans le cadre de la physique quantique.
Morceaux
L’espace-temps qui en résulte est formé de minuscules morceaux insécables. Ces dernières années, la gravitation quantique en lacets a connu d’importants progrès.
Radicale
Elle n’est peut-être pas assez radicale pour résoudre tous les problèmes posés par la quantification de la gravitation.
Théorie
La seconde approche, sur laquelle sont fondés les scénarios présentés ici, est la théorie des cordes, sa première ébauche est apparue en 1968 dans un modèle que j’ai proposé pour décrire les interactions des constituants du noyau atomique.
Quantique
Ce n’est que dans les années 1980 qu’elle a ressuscité pour devenir une théorie candidate à l’unification de la relativité générale et de la théorie quantique.
Idée
Son idée de base est que les composants fondamentaux de la matière ne sont pas ponctuels, mais unidimensionnels, à l’instar de cordes sans épaisseur.
Violon
Ces cordes vibrent comme celles d’un violon, et le vaste bestiaire des particules, dotées chacune de propriétés caractéristiques, reflète les différents modes de vibration.
Lois
Les lois quantiques permettent à ces cordes vibrantes dénuées de masse de décrire les particules et leurs interactions, et elles font émerger de nouvelles propriétés ayant de profondes implications pour la cosmologie, premièrement, des effets quantiques imposent aux cordes une taille minimale de l’ordre de 10-34 mètres.
Constante
Ce quantum irréductible de longueur, noté, est une nouvelle constante de la nature, aux côtés de la vitesse de la lumière et de la constante de Planck, dans la théorie des cordes, elle joue un rôle crucial en imposant une borne finie à des quantités qui, sans cela, deviendraient nulles ou infinies.
Énergie
Deuxièmement, l’énergie de certains modes de vibration des cordes correspond aux masses des particules, par ailleurs, ces vibrations confèrent aux cordes un moment cinétique intrinsèque, ou spin.
Cordes
Les cordes peuvent acquérir plusieurs unités de spin tout en restant de masse nulle : elles sont à même de représenter les bosons, particules messagères des forces fondamentales (tel le photon pour l’électromagnétisme).
Graviton
Historiquement, c’est en découvrant des modes de vibration de spin égal à deux, identifiés à la particule supposée véhiculer l’interaction gravitationnelle, le graviton, que les physiciens ont entrevu l’intérêt de la théorie des cordes pour la quantification de la gravité.
Dimensions
Troisièmement, les équations de la théorie des cordes ne sont cohérentes que si l’espace a neuf dimensions au lieu des trois usuelles, et si les six dimensions spatiales supplémentaires sont enroulées sur de très petites distances.
Constantes
Quatrièmement, les constantes qui décrivent l’intensité des forces fondamentales, telle la constante de gravitation ou la charge électrique, ne sont plus fixées arbitrairement, mais apparaissent dans la théorie des cordes sous forme de champs dont les valeurs évoluent au cours du temps.
Champs
L’un de ces champs, le dilaton, joue un rôle particulier : il détermine l’évolution des autres champs, c’est-à-dire l’intensité de toutes les interactions.
Époques
Au cours de différentes époques cosmologiques, les « constantes » de la physique ont ainsi pu connaître de minuscules variations. Les astrophysiciens cherchent aujourd’hui à les mesurer en observant l’Univers lointain.
Symétrie
Enfin, les cordes ont révélé l’existence de nouvelles symétries de la nature, les dualités, qui transforment radicalement notre compréhension intuitive du comportement des objets à des échelles extrêmement petites.
Dimensions
L’une de ces symétries, la T-dualité, relie les petites et les grandes dimensions supplémentaires. Cette symétrie est liée à la plus grande variété de mouvements possibles pour les cordes, par rapport à des particules ponctuelles.
Boucle
Considérons une corde fermée (une boucle) se déplaçant dans un espace à deux dimensions dont l’une est repliée en un petit cercle, cet espace équivaut à la surface d’un cylindre.
Vibrer
En plus de vibrer, la corde peut se déplacer à la surface, mais aussi s’enrouler une ou plusieurs fois autour du cylindre, tel un élastique retenant une affiche enroulée.
Énergie
Vibration, déplacement et enroulement participent à l’énergie totale de la corde. L’énergie des deux derniers modes dépend de la taille du cylindre. L’énergie d’enroulement est proportionnelle au rayon du cylindre : plus il est grand, plus la corde doit être étirée pour s’enrouler, de sorte qu’elle emmagasine davantage d’énergie.
Enroulée
En revanche, le long de la dimension enroulée, le déplacement d’une corde se traduit par une énergie inversement proportionnelle au rayon.
Cylindre
Plus le cylindre est gros, plus la corde peut s’y déplacer « tranquillement » Les relations d’indétermination de la mécanique quantique empêchent une particule localisée avec précision d’être au repos.
Particule
Une particule confinée est ainsi animée d’une grande vitesse, tandis qu’une particule dont la position est peu contrainte se déplace plus « tranquillement. »
Étroit
Sur un cylindre plus étroit, l’enroulement de la corde nécessite une énergie inférieure, tandis que le déplacement est plus agité et confère plus d’énergie au système.
Modes
Si l’on échange un cylindre d’un rayon donné R avec un cylindre de rayon inverse 1/R (l’unité étant la longueur minimale des cordes), les séries d’états d’énergie produits par les deux modes sont échangées, mais l’ensemble des états reste identique.
Observateur
Pour un observateur extérieur, les grandes dimensions enroulées sont alors physiquement équivalentes aux petites, de rayon inverse.
Théorie des cordes et dualité.
T-dualité
La T-dualité est plus facile à comprendre dans le cadre d’espaces dotés d’une dimension circulaires de taille finie, mais elle s’applique également aux trois dimensions infinies de l’espace ordinaire.
Facteur
Ce n’est pas la taille de l’espace pris dans son ensemble qui importe, mais son facteur d’échelle, le rapport entre l’écartement des objets qu’il contenait à une date donnée et leur éloignement actuel.
Univers
Selon la T-dualité, un Univers où le facteur d’échelle est très petit est équivalent à un Univers où le facteur d’échelle est grand, une telle symétrie n’existe pas dans la relativité générale. Elle provient du cadre unificateur de la théorie des cordes.
Théoriciens
Pendant des années, les théoriciens des cordes ont pensé que la T-dualité ne s’appliquait qu’aux cordes fermées.
Joseph Polchinsky
En 1995, Joseph Polchinsky, de l’Université de Santa Barbara, a montré qu’elle reste valable pour les cordes ouvertes, moyennant des conditions, dites de Dirichlet, sur leurs extrémités, en plus d’inverser les rayons des dimensions enroulées, on doit fixer les extrémités des cordes dans un certain nombre de dimensions.
Extrémités
Ainsi, les extrémités d’une corde peuvent flotter librement dans trois des dix dimensions spatiales tandis que leur mouvement dans les sept autres est bloqué.
Petr Horava
Trois dimensions libres forment un sous-espace nommé membrane, ou D-brane. En 1996, Petr Horava, de l’Université Rutgers, et Edward Witten, de l’Institut d’études avancées de Princeton, ont imaginé que notre Univers réside sur une telle D-brane de dimension trois.
Électrons
La mobilité partielle des électrons et des autres particules expliquerait pourquoi nous ne pouvons percevoir les dix dimensions de l’espace.
Propriétés
Toutes les propriétés des cordes suggèrent la même chose : les cordes détestent l’infini. Comme elles ne peuvent être réduites à un point, elles éliminent les paradoxes provoqués par un tel effondrement.
Taille
Leur taille non nulle et les symétries nouvelles qui leur sont associées imposent des bornes supérieures aux quantités physiques qui croissent indéfiniment dans les théories classiques, et des bornes inférieures aux quantités qui diminuent.
Film
Lorsqu’on projette le film de l’Histoire cosmique à l’envers, l’espace-temps se contracte et le rayon de courbure de toutes les dimensions rétrécit.
Théoriciens
Selon les théoriciens des cordes, la T-dualité empêche le rayon de courbure de décroître jusqu’à zéro et de provoquer la singularité du Big Bang standard.
Longueur
Parvenue à la longueur minimale possible, cette contraction devient physiquement équivalente à une expansion de l’espace, dont le rayon de courbure recommence à croître. La T-dualité fait « rebondir » l’effondrement, qui devient une nouvelle expansion.
Singularité
La singularité disparue, rien n’empêche d’imaginer que l’Univers existait avant le Big Bang. En combinant les symétries introduites par la théorie des cordes avec la symétrie par renversement du temps, selon laquelle les équations de la physique fonctionnent indifféremment.
Applique
Lorsqu’on les applique vers le futur ou vers le passé, les chercheurs ont imaginé de nouvelles cosmologies, où le Big Bang n’est pas le commencement du temps, mais seulement une transition violente entre deux états de l’Univers : avant, l’expansion accélère, après, elle ralentit.
Intérêt
L’intérêt de cette conception est qu’elle intègre automatiquement les idées du modèle inflationniste, c’est-à-dire l’existence d’une période d’inflation accélérée capable de justifier l’homogénéité de l’Univers.
Standard
Dans la théorie standard, l’accélération est causée après le Big Bang par l’inflaton. Dans la cosmologie des cordes, l’accélération se produit avant le Big Bang et résulte des symétries de la théorie.
Extrêmes
Les conditions régnant aux abords du Big Bang sont si extrêmes que nul ne sait résoudre les équations qui le décrivent.
Décrire
Néanmoins, les théoriciens des cordes se sont risqués à décrire certains aspects de l’Univers précédant le Big Bang, deux modèles sont aujourd’hui à l’étude.
Image
Le premier, connu sous le nom de scénario pré-Big Bang, postule que l’Univers antérieur au Big Bang est une image en miroir de l’Univers postérieur à cet événement.
Gaz
L’Univers s’étend éternellement dans le futur comme dans le passé. Il y a infiniment longtemps, il était presque vide et ne contenait qu’un gaz raréfié de rayonnements et de matière.
Forces
Les forces de la nature, contrôlées par le dilaton, étaient si faibles que les particules de ce gaz interagissaient à peine, avec le temps, les forces ont gagné en intensité et la matière a commencé à s’agréger.
Densité
Certaines régions en ont accumulé aux dépens de leurs voisines. La densité y est devenue telle que des trous noirs se sont formés. La matière piégée à l’intérieur a été isolée et l’Univers s’est scindé en morceaux déconnectés.
Trou
Au sein de chaque trou noir, la densité de matière était toujours plus élevée. Lorsque la densité, la température et la courbure ont atteint les valeurs maximales permises par la théorie des cordes, ces quantités ont « rebondi » et commencé à décroître.
Renversement
Le Big Bang n’est autre que le moment où s’est produit ce renversement. L’intérieur de l’un de ces trous noirs est devenu notre Univers.
© Samuel Velaco.
Tentative
Ce scénario pré-Big Bang, que j’ai proposé avec des collègues en 1991, a été la première tentative d’application de la théorie des cordes à la cosmologie, il a suscité de nombreuses critiques, dont il nous reste à déterminer si elles ont mis le doigt sur une faille importante.
Conflagration
L’autre principal modèle décrivant l’Univers avant le Big Bang est qualifié de scénario ekpyrotique (du mot grec signifiant conflagration).
Neil Turok
Développé depuis 2001 par Neil Turok, de l’Université de Cambridge, et Paul Steinhardt, de l’Université de Princeton, ce scénario est fondé sur l’idée que notre Univers serait une D-brane qui flotte à proximité d’une autre dans un espace de dimension supérieure.
Ressort
L’espace séparant les branes se comporterait comme un ressort qui les conduit à entrer en collision tandis qu’elles se contractent.
Matière
L’énergie du choc est convertie en matière et en rayonnement : c’est le Big Bang. Dans l’une des variantes de ce scénario, les collisions se produisent de façon cyclique.
Deux
Deux branes se rencontrent, rebondissent et s’écartent avant de retomber l’une sur l’autre et ainsi de suite, entre ces collisions, les branes se dilatent continuellement, à l’exception d’une phase de contraction avant le choc, l’expansion ralentit lorsque les branes s’écartent et accélère lorsqu’elles se rapprochent à nouveau.
Phase
La phase actuelle d’accélération de l’expansion cosmique, découverte ces dernières années lors de l’observation de supernovae lointaines, annonce peut-être une prochaine collision.
Communs
Les scénarios pré-Big Bang et ekpyrotique partagent des traits communs. Tous deux commencent avec un Univers immense, froid et presque vide, et tous deux peinent à expliquer la transition entre les phases pré- et post-Big Bang.
Mathématiquement
Mathématiquement, leur principale différence réside dans le comportement du dilaton. Dans le scénario pré-Big Bang, il a initialement une valeur très basse, de sorte que les forces fondamentales sont faibles, et il gagne progressivement en intensité.
Scénario
Dans le scénario ekpyrotique, c’est le contraire : la collision se produit lorsque l’intensité des forces est minimale, cette faiblesse des forces a suscité l’espoir de réussir à analyser le rebond avec des techniques classiques.
Variantes
Malheureusement, dans les variantes actuelles, quand les branes se rapprochent jusqu’à s’entrechoquer, la dimension qui les sépare « s’effondre », de sorte que la singularité ne peut être évitée.
Obstacle
Autre obstacle, il faut finement ajuster les conditions initiales pour que l’on puisse résoudre les problèmes cosmologiques classiques, par exemple, avant le choc, les branes doivent être quasiment parallèles, sans quoi elles ne donnent pas lieu à un Big Bang assez homogène.
Étayer
En laissant de côté la difficile tâche d’étayer ces deux scénarios d’un point de vue mathématique, les physiciens cherchent d’ores et déjà des conséquences observables.
Vue
À première vue, les deux modèles évoquent davantage des spéculations métaphysiques que des théories physiques. Toutefois, des détails de l’époque antérieure au Big Bang pourraient avoir des conséquences observables, tout comme ceux de l’époque d’inflation.
Minuscules
Les minuscules fluctuations observées dans la température et la polarisation du rayonnement du fond diffus cosmologique fournissent des tests empiriques.
Marque
On interprète les fluctuations de température comme la marque d’ondes acoustiques qui se sont propagées dans le plasma primordial durant les 380 000 ans précédant l’émission du rayonnement de fond cosmologique.
Régularité
La régularité de ces fluctuations prouve que les ondes acoustiques ont été engendrées au même moment, les modèles inflationnistes, pré-Big Bang et ekpyrotique satisfont tous les trois cette contrainte et passent ce premier test.
Ondes
Les ondes acoustiques y sont engendrées au même moment par des fluctuations quantiques amplifiées lors de la phase d’expansion accélérée.
Spécifique
Par ailleurs, chaque modèle prédit une répartition angulaire spécifique des fluctuations. Les observations montrent que l’amplitude des fluctuations de grande taille angulaire est constante, tandis qu’aux petites échelles, on observe des pics.
Distribution
Le modèle inflationniste reproduit parfaitement cette distribution. Durant l’inflation, la courbure de l’espace-temps change lentement.
Engendrées
Des fluctuations de tailles différentes sont ainsi engendrées dans des conditions similaires et le spectre de fluctuation initial est invariant par rapport à l’échelle angulaire.
Pics
Les pics aux petites échelles résultent de l’altération des fluctuations initiales, dans la suite de l’Histoire de l’Univers, dans la cosmologie des cordes, la courbure de l’espace-temps évolue très vite, ce qui accroît l’amplitude des fluctuations à petite échelle.
Processus
Cependant, d’autres processus compensent ce phénomène : dans le scénario ekpyrotique, la contraction des branes produit un spectre de fluctuation invariant d’échelle.
Modèle
Dans le modèle pré-Big Bang, intervient un champ quantique nommé curvaton. Aussi, pour le moment, les trois modèles correspondent aux observations.
Polarisation
La polarisation du fond diffus cosmologique fournit un autre test. Contrairement aux autres modèles, le scénario d’inflation prévoit que les ondes gravitationnelles ont contribué aux fluctuations de température.
Signature
Certaines de ces ondes gravitationnelles auraient laissé une signature dans la polarisation du rayonnement de fond cosmologique.
Satellite
Les observations du satellite Planck de l’Agence spatiale européenne pourraient déceler cette signature, si elle existe,sa découverte apporterait un argument de poids en faveur de l’inflation.
Fond
L’analyse du fond cosmologique n’est pas la seule façon de tester ces théories. Le scénario pré-Big Bang prédit l’émission d’ondes gravitationnelles, dont certaines seraient accessibles aux détecteurs d’ondes gravitationnelles tels que VIRGO.
Ekpyrotique
Par ailleurs, puisque les scénarios ekpyrotique et pré-Big Bang impliquent des variations du dilaton, qui est couplé au champ électromagnétique, ils prédisent l’existence de fluctuations du champ magnétique à grande échelle.
Vestiges
On pourrait découvrir des vestiges de ces fluctuations dans les champs magnétiques galactiques. Quant à donc commencé le temps ?
Science
La science n’apporte pas encore de réponse à cette question, mais elle dispose d’au moins deux théories potentiellement testables qui affirment de façon plausible que l’Univers et par conséquent le temps existait avant le Big Bang.
Si l’un de ces scénarios est vrai, alors le cosmos a toujours existé.
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